Deux livres sur Torey Hayden sont également disponibles (en japonais uniquement).
« Essays » est une série d’essais écrits au forum international d’Hayakawa à Tokyo au sujet de l’impact des livres de Torey sur la vie de ses lecteurs.
« Conversations » contient la retranscription intégrale des conférences données conjointement par Torey Hayden et le Dr. Saturo Saito en 1998.
Que signifie l’initiale L. dans votre nom ?
Lynn.
Buvez-vous toujours du « Dr. Pepper » ?
J’aimerais bien, mais mon embonpoint menaçant me dit que ce n’est pas une très bonne idée. C’est un plaisir que je ne m’octroie plus qu’occasionnellement.
Chad est-il votre mari ? Ou Hugh ? Ou tout autre homme qui apparaît dans vos livres ?
Non. J’ai rencontré Ken après m’être installée en Ecosse.
Quelle est l’origine de votre engouement pour l’enseignement spécialisé ?
Lorsque j’étais en première année à l’université, j’ai travaillé en tant qu’assistante dans un programme destiné aux enfants défavorisés d’âge préscolaire. J’ai tout de suite adoré.
Etait-ce un travail que vous vouliez faire depuis toujours ?
J’ai toujours su que je voulais être écrivain, mais c’est par accident que je me suis trouvée en éducation spécialisée. J’ai eu une révélation lorsque j’ai travaillé pour le programme destiné aux enfants défavorisés.
N’est-il pas difficile de travailler avec des enfants fortement perturbés ?
Je pense que travailler en éducation spécialisée – et dans l’enseignement en général – est plus une vocation qu’une carrière. Il faut vraiment avoir le bon tempérament pour aimer son travail, et une réelle volonté de réussite. Mais si l’on a cette personnalité, alors c’est un véritable défi, intéressant et profondément enrichissant, même si c’est également un travail difficile !
Est-ce que cela ne vous déprime pas de vous dire que, bien souvent, vous ne parvenez pas à améliorer les choses?
Je suis quelqu’un qui se focalise sur les moyens de parvenir à un but, et non sur le but lui-même. J’apprécie le moment où je fais mon travail, et, en conséquence, le résultat m’importe peu. J’aime être dans la salle de classe, être avec les enfants, et je travaille vraiment dans le présent. Bien sûr, pour les enfants, j’ai toujours l’espoir que je parviendrai à les aider, et que leur avenir sera meilleur, mais pour moi, le résultat et l’avenir ne sont pas très importants. J’ai remarqué que les gens qui ont tendance à déprimer ou à se décourager sont souvent ceux qui se focalisent sur un objectif. Ils n’arrivent pas à apprécier ce genre d’expérience car il y a très peu de résultats positifs.
Pouvez-vous me dire quelle est la marche à suivre pour travailler dans ce domaine d’activité ?
Parce qu’il est important de savoir si ce type de travail correspond bien à votre personnalité, je vous conseille de travailler d’abord bénévolement avec des enfants spéciaux avant de commencer une quelconque formation. Si cela vous plaît en tant que travail bénévole, cela vous plaira en tant que travail rémunéré.
Pouvez-vous me dire quels cours je dois choisir pour devenir un professeur tel que vous ?
Je ne suis pas dans une très bonne posture pour vous donner des conseils pour votre carrière, en partie parce que j’ai moi-même un parcours atypique en passant d’abord un DEUG de biologie ! Plus important, j’ai obtenu mes diplômes il y a plus de vingt ans, et les exigences ont dû évoluer depuis. La première chose à faire est de rencontrer le conseiller d’orientation de votre lycée ou de votre collège.
Est-ce que vous enseignez toujours ?
Pas pour le moment. J’ai arrêté d’enseigner quand ma fille est venue au monde car je voulais passer du temps avec elle. Quand elle a grandi, je me suis impliquée dans d’autres domaines, essentiellement en tant que conseillère et conférencière, et j’ai continué à écrire. Il se peut que je me tourne à nouveau vers l’enseignement si les circonstances le permettent.
Puis-je m’engager en tant que volontaire ou interne à vos côtés ?
Je ne peux pas recruter de volontaires ou d’internes pour le moment car je n’ai pas repris mon activité d’enseignante et je navigue constamment entre différentes occupations. Mais je suis sûre que vous trouverez près de chez vous d’autres enseignants ou d’autres personnes travaillant avec des enfants qui seraient ravis d’accueillir un volontaire.
Avez-vous aidé la plupart des enfants avec lesquels vous avez travaillé à surmonter leurs problèmes ?
J’aurais aimé dire oui, mais ici, on ne joue pas. Il s’agit de personnes bien réelles, placées dans des situations qui le sont tout autant. La seule chose que je puisse espérer, c’est d’avoir aidé plus de personnes que je n’en ai blessées. C’est important pour moi de souligner le fait que je ne suis pas une enseignante extraordinaire. Je n’ai pas accompli ma tâche mieux que les (nombreuses) autres personnes qui travaillent dans ce domaine. La grande différence entre nous, c’est que moi, j’ai la chance de pouvoir écrire des livres. Par conséquent, vous êtes au courant de mon travail. Mais il ne faut pas oublier qu’il existe une ribambelle de personnes très impliquées dans leur travail, et qui font au moins aussi bien – si ce n’est mieux – ce que j’ai accompli.
Pourquoi n’écrivez-vous que sur vos succès ?
Parce que très peu de gens aimeraient lire des romans mettant en scène des situations d’échec. Et par conséquent, mes éditeurs ne les publieraient pas ! Ca ne veut pas dire que je ne connais pas d’échec. C’est simplement que les succès font de plus belles histoires.
Quand avez-vous écrit votre premier livre ?
J’ai écrit mon premier livre, L’ENFANT QUI NE PLEURAIT PAS, en 1979. En fait, j’ai commencé à écrire sans avoir l’intention de publier quoi que ce soit. C’était plus pour moi un moyen de garder une trace de ces moments fabuleux passés avec Sheila, avant qu’ils ne sombrent dans l’oubli. Comme c’était un travail personnel, ce fut très rapide. Je l’ai écrit en huit jours. C’est seulement après que je me suis dit « mais c’est un livre ! »
Comment votre livre a-t-il été publié ?
Je suis allée dans une librairie pour acheter l’ouvrage Writer’s Market qui donne des conseils sur la manière d’écrire une lettre de présentation et de trouver un éditeur. J’ai appliqué à la lettre leurs conseils pour rédiger mon courrier. Ensuite, j’ai sélectionné une liste d’éditeurs qui me paraissaient publier ce genre d’ouvrages. J’ai envoyé trois lettres. Quelques jours plus tard, le directeur éditorial de « Putnam’s Sons » m’écrivait pour me réclamer les trois premiers chapitres. Je les ai envoyés et ils m’ont demandé le reste du livre dans la semaine. A partir de là, c’était lancé !
Avez-vous essuyé beaucoup de refus ?
L’ENFANT QUI NE PLEURAIT PAS fut tout ce qu’un auteur peut rêver. Il ne s’est passé que 42 jours entre le moment où j’ai commencé à l’écrire et celui où j’ai signé le contrat, je n’ai donc reçu aucune lettre de refus. Malgré tout, les refus font partie intégrante du métier. J’ai eu plusieurs manuscrits refusés par la suite.
J’aimerais être écrivain. Que pourriez-vous me conseiller ?
Ecrire est quelque chose de très personnel, il est donc très difficile de donner des « trucs ». Ce qui est vrai pour moi ne l’est pas forcément pour d’autres. Malgré tout, je peux vous donner quelques idées générales :
1) Croyez en vous. Beaucoup de gens tenteront de vous décourager : parents, professeurs, éditeurs, agents… Si vous ne croyez pas en ce que vous faites, ne vous attendez à ce que d’autres y croient !
2) Les meilleurs livres viennent du plus profond de soi. C’est pourquoi, pour bien des auteurs, le premier livre est le meilleur. Ils écrivent sur les choses les plus profondes et les plus significatives qui se passent dans leur vie à un moment précis. C’est la raison pour laquelle, beaucoup d’écrivains donnent l’astuce suivante : abordez des sujets que vous connaissez. C’est une autre manière de dire la même chose.
3) Sachez que vous êtes la seule personne à même d’écrire votre propre histoire. Personne ne peut vous apprendre comment vous y prendre. On peut certes vous enseigner les mécanismes de l’écriture, comme la grammaire et la ponctuation, mais c’est vous qui devez trouver votre propre style. C’est très bien de lire beaucoup, pour voir comment les autres écrivent, ou de participer à des ateliers d’écriture, ou encore d’écouter parler des écrivains, mais laisser votre style personnel se développer dans votre récit.
4) Persévérance, persévérance, persévérance. Et encore plus de persévérance.
En combien de temps un ouvrage passe-t-il de l’état de manuscrit à celui de livre fini ?
Un livre, c’est comme un bébé. Cela prend environ 9 mois entre le moment où je soumets mon manuscrit fini et celui où mon livre est en vente en librairie. Durant tout ce temps, le texte prend sa version finale avant d’être remis aux correcteurs qui vont reprendre toutes les erreurs techniques, ainsi que les fautes de grammaires et d’orthographe. Ensuite, il va être imprimé et retourné à l’auteur sous forme d’« épreuves », qui ont l’apparence du livre tel qu’il sera imprimé. L’auteur fait ses dernières corrections et ensuite le livre est imprimé. La couverture sera également choisie à ce moment-là. Evidemment, l’éditeur souhaite que l’auteur apprécie le design de son livre, mais c’est toujours l’éditeur qui a le dernier mot.
(G) - Vos jaquettes vous font toujours croire que vous êtes un faiseur de miracles - «Le monde a besoin plus que Torey Hayden» et tout ça.
(G) – Blame mes éditeurs pour celui-ci. Malheureusement, c’est ainsi que les livres sont commercialisés et les auteurs ordinaires ont peu à dire sur les terribles slogans qui apparaissent sur chaque livre ou sur la copie hyperbolique du volet. Les vendeurs exigent ces choses et elles sont plus puissantes. Je déteste les balises et les copies des volets et souhaite que ce soit différent. Alors, s’il vous plaît ne pensez pas que je crois aucune de ces choses qu’ils disent! Ou que mon livre reflète de telles idées grandioses.
Pourquoi avez-vous laissé les studios d’Hollywood faire des choses aussi terribles de vos livres ?
Transformer un livre en film est un processus qui se décompose en deux phases. La première s’appelle une « option ». Des personnes appartenant au milieu du cinéma –acteurs, producteurs ou scénaristes – paient une faible somme d’argent pour détenir les droits de votre livre pendant un certain temps, habituellement un an, avec l’espoir d’en faire un film. S’ils parviennent à trouver assez d’argent, à écrire un scénario et commencer la production pendant ce laps de temps, ils achètent ensuite les pleins droits et réalisent le film. L’auteur du livre cesse d’avoir un droit de regard sur l’adaptation dès qu’il ou elle signe le contrat et prend son argent, car les cinéastes ont acheté les droits de l’histoire et supervisent désormais le travail de création. Cela devient leur œuvre. Ils peuvent donc faire tout ce qu’ils veulent et l’auteur n’a rien à y redire. Les auteurs peuvent conserver un certain contrôle en tant que conseiller technique ou s’ils participent à l’écriture du scénario, mais l’élaboration d’un film est un travail de groupe, contrairement à l’écriture, donc rien n’est acquis. En outre, cela requiert des compétences supplémentaires et c’est autant de temps pris sur le travail d’écriture. La manière la plus sûre d’empêcher les studios d’Hollywood de saper le travail, c’est de ne pas leur vendre les droits, mais c’est moins amusant.
Avez-vous toujours voulu être écrivain ?
Oui. Depuis le moment où j’ai appris à tenir un crayon, je n’ai cessé d’écrire. J’ai raconté dans LA FILLE DU TIGRE le moment où j’ai découvert la « magie » de l’écriture, à l’âge de huit ans. J’avais écrit une petite histoire sur mon chien, pendant la classe, lors d’un exercice de lecture. L’enseignante m’a surprise et m’a confisqué l’histoire. Elle me l’a rendue environ deux semaines plus tard et je me revois encore assise sur les marches de l’école, à relire cette histoire en prenant brusquement conscience du fait que si on écrit quelque chose de bien, on peut y revenir plus tard et ressentir les mêmes émotions. Je me rappelle avoir pensé que c’était comme prendre une photo, non pas d’une scène, mais des émotions des gens. Je me suis dit que c’était génial. Si magique. Vraiment magique. Ce fut un moment déterminant dans ma vie, cet après-midi sur les marches de l’école Winans.
Quelle sorte d’écrivain êtes-vous ? Est-ce un travail pénible pour vous ?
Pour être honnête, l’écriture est presque une maladie chez moi. Je dirais même que l’écriture est un besoin fondamental pour moi, au même titre que manger, dormir ou respirer. Il paraît que certains écrivains doivent s’imposer une discipline de fer pour se mettre au travail, comme « écrire tous les jours » ou « écrire tant de pages ». Pour moi, la difficulté est plutôt de me décoller de mon ordinateur ! Je pourrais aisément passer toutes mes journées devant et laisser tomber tout le reste.
Comment avez-vous réussi à vous souvenir de tant de détails et de dialogues ?
J’avais un aide-mémoire ! Beaucoup d’écoles investissaient dans les « nouvelles technologies » de l’époque, ce qui se résumait à une vieille caméra déglinguée et à des magnétoscopes à bobines. C’était assez complexe à utiliser et peu de gens s’en servaient. Etant un peu initiée à la technique, j’en ai tiré avantage et je conservais souvent le matériel dans ma salle de classe lorsque personne ne s’en servait. J’ai donc réalisé beaucoup d’enregistrements vidéo de mes classes et ils m’ont servi pour mes livres. Je possédais également un carnet sur lequel je notais les anecdotes.
Quels sont les problèmes que l’on rencontre lorsque l’on écrit au sujet de personnes réelles ?
Cela pose des problèmes moraux et légaux. La part morale est importante. Il y a une frontière très mince entre le fait de partager une histoire et celui d’exploiter celle des gens. Aujourd’hui, cette limite est de plus en plus repoussée. Malgré tout, je ne pense pas que ce soit une bonne chose que la vie privée des gens puisse être utilisée à des fins de divertissement. C’est pourquoi je refuse de partager certaines choses dont j’ai été témoin. De même, je fais tout mon possible pour empêcher l’identification de mes personnages. Je change les noms, les dates, les lieux, et parfois je bouleverse l’ordre chronologique. Certaines personnes ont tout de même été identifiées, mais les médias ont eu une attitude correcte. Tous les « personnages principaux » de mes livres ont un droit de regard sur le manuscrit avant qu’il ne soit soumis à l’agent, et si des modifications sont nécessaires, elles sont faites à ce moment-là.
C’est la raison pour laquelle certaines parties de mes livres – en particulier l’épilogue – sont assez vagues. Il y a aussi des raisons légales à cela, car n’importe qui pourrait me poursuivre en justice si je racontais des mensonges ou si je décrivais des personnes d’une manière qui leur déplaise. C’est pourquoi je demande toujours le consentement par écrit de toutes les parties avant de commencer à écrire mes livres, et j’inclus habituellement à ce courrier un « droit de regard » sur le manuscrit comme mentionné plus haut.
Si vous envisagez d’écrire sur des personnes bien réelles, pensez d’abord à engager un avocat !
Est-ce que l’un de vos personnages a déjà contesté vos écrits ?
Oui. Et j’ai supprimé le texte incriminé.
Est-ce que quelqu’un vous a déjà intenté un procès pour diffamation ?
Non, pour aucun de mes documents. Bizarrement, le seul problème que j’ai eu c’est avec une femme qui pensait que j’avais basé mon roman LA FORÊT DE TOURNESOLS sur sa vie. C’était faux, et heureusement, j’avais envoyé un courrier daté à mon agent dans lequel j’expliquais, preuves à l’appui, l’origine des idées à la base de ce roman. Les poursuites ont donc été abandonnées.
Qu’en est-il de la censure ?
Dans certaines régions des Etats-Unis, mes livres ont été censurés et interdits à la vente aux enfants de moins de quinze ans. Je suis contre. La plupart du temps, les enfants abordent les choses quand ils sont prêts à les affronter. Si un enfant de 12 ans choisit de lire L’ENFANT QUI NE PLEURAIT PAS, cela signifie qu’il est assez mature pour cela. J’écris sur des sujets très sérieux, mais bien réels. Mes livres dressent le portait d’un monde où il se passe parfois des trucs terribles, mais où il y a également des gens qui font tout pour améliorer les choses. Je ne pense pas que ce genre de message doit être censuré.
Pourquoi avez-vous décidé d’écrire des romans alors que les gens aiment tant vos documents ?
Parce que les documents sont basés sur des faits réels et qu’ils sont – bien évidemment – en nombre limité ! Sans compter tout ce que je garde pour moi, pour des histoires de protection de la vie privée ou parce que je n’ai pas eu le consentement des personnes concernées. Ca ne m’intéresse pas de faire de l’écriture journalistique, c’est-à-dire relater la vie d’autres personnes. Ce qui me plaît le plus, c’est d’écrire ce que je ressens au fond de moi et je ne saurais pas raconter les sentiments des autres, car je ne suis pas à leur place.
En outre, d’un point de vue purement créatif, les documents sont très limités. Avant même de commencer à écrire, l’histoire, les personnages et le cadre sont tous déterminés. La seule part créative que je puisse apporter, c’est lorsque je me demande comment exprimer des choses ou décrire certaines scènes sans que les personnages soient suffisamment identifiables pour que l’on intente un procès !
Est-ce que l’un de vos personnages a déjà contesté vos écrits ?
Oui. Et j’ai supprimé le texte incriminé.
Est-ce que quelqu’un vous a déjà intenté un procès pour diffamation ?
Non, pour aucun de mes documents. Bizarrement, le seul problème que j’ai eu c’est avec une femme qui pensait que j’avais basé mon roman LA FORÊT DE TOURNESOLS sur sa vie. C’était faux, et heureusement, j’avais envoyé un courrier daté à mon agent dans lequel j’expliquais, preuves à l’appui, l’origine des idées à la base de ce roman. Les poursuites ont donc été abandonnées.
Qu’en est-il de la censure ?
Dans certaines régions des Etats-Unis, mes livres ont été censurés et interdits à la vente aux enfants de moins de quinze ans. Je suis contre. La plupart du temps, les enfants abordent les choses quand ils sont prêts à les affronter. Si un enfant de 12 ans choisit de lire L’ENFANT QUI NE PLEURAIT PAS, cela signifie qu’il est assez mature pour cela. J’écris sur des sujets très sérieux, mais bien réels. Mes livres dressent le portait d’un monde où il se passe parfois des trucs terribles, mais où il y a également des gens qui font tout pour améliorer les choses. Je ne pense pas que ce genre de message doit être censuré.
Pourquoi avez-vous décidé d’écrire des romans alors que les gens aiment tant vos documents ?
Parce que les documents sont basés sur des faits réels et qu’ils sont – bien évidemment – en nombre limité ! Sans compter tout ce que je garde pour moi, pour des histoires de protection de la vie privée ou parce que je n’ai pas eu le consentement des personnes concernées. Ca ne m’intéresse pas de faire de l’écriture journalistique, c’est-à-dire relater la vie d’autres personnes. Ce qui me plaît le plus, c’est d’écrire ce que je ressens au fond de moi et je ne saurais pas raconter les sentiments des autres, car je ne suis pas à leur place.
En outre, d’un point de vue purement créatif, les documents sont très limités. Avant même de commencer à écrire, l’histoire, les personnages et le cadre sont tous déterminés. La seule part créative que je puisse apporter, c’est lorsque je me demande comment exprimer des choses ou décrire certaines scènes sans que les personnages soient suffisamment identifiables pour que l’on intente un procès !
Pourquoi votre dernier roman n’est pas disponible en anglais ?
L’ENFANT AU CHAT n’est pas un « roman à l’américaine ». C’est une histoire assez complexe qui n’intéressera pas les lecteurs américains selon mes éditeurs américains. C’est pourquoi, il n’est disponible qu’en suédois, italien, finlandais, et le sera bientôt en japonais et en français. Je suis profondément reconnaissante envers les lecteurs de ces pays d’en avoir fait un succès là où il a été publié.
JComment puis-je me procurer THE SUNFLOWER FOREST en anglais ?
THE SUNFLOWER FOREST, que j’ai écrit en 1983, est désormais épuisé en langue anglaise. C’est normal. Très peu de romans ont une durée de vie en librairie supérieure à quelques années. La meilleure solution est de consulter le site eBay.com ou de laisser vos coordonnées sur des sites comme Amazon.com. Il y a certainement des exemplaires disponibles quelque part : l’une de mes amies, qui en voulait un, en a déniché quatre sur internet. Le site www.bol.com vend également des exemplaires de THE SUNFLOWER FOREST en anglais.
Que faut-il faire pour écrire un bon courrier et augmenter mes chances de recevoir une réponse ?
Rappelez-vous les règles de politesse. En particulier, si vous aimez suffisamment un auteur pour lui écrire une lettre, montrez-lui que vous prenez assez de temps pour écrire son nom ou le titre de ses ouvrages correctement. Essayez de ne pas poser des questions dont les réponses sont déjà dans le livre que vous venez de lire ou sur la couverture. Et, plus important, mettez toujours votre adresse sur la lettre, et pas seulement sur l’enveloppe. Plusieurs fois, j’ai tenté de répondre à un fan mais je n’avais pas l’adresse car la lettre et l’enveloppe m’étaient parvenues séparément ou l’enveloppe avait été ôtée par l’éditeur et n’était jamais arrivée.
Aimez-vous recevoir du courrier de vos fans ?
Je pense que tous les auteurs aiment savoir que ce qu’ils écrivent a un impact certain sur les gens. Ma réponse est donc oui, je suis toujours heureuse de recevoir du courrier de mes fans. Et je lis vraiment tout ce que je reçois personnellement.
Est-ce que votre éditeur ou qui que ce soit d’autre lit le courrier avant vous ?
Oui, parfois. Il y a plusieurs raisons à cela. En général, l’éditeur est tout simplement curieux de savoir quel type de courrier l’auteur reçoit afin de mieux répondre aux exigences des lecteurs. Par exemple, si beaucoup de fans s’intéressent à un même sujet, l’éditeur peut demander à l’auteur d’écrire sur ce sujet. L’éditeur lit également le courrier des fans afin de veiller sur la sécurité de l’auteur. Dans le cas d’un courrier écrit en langue étrangère, l’éditeur peut parfois lire le courrier et en faire un résumé sommaire. Mais il ne sert en aucun cas de traducteur. En ce qui me concerne, mes éditeurs ont dû ouvrir 25% de mon courrier. Le reste m’est parvenu directement.
Je vous ai envoyé une lettre de fan mais vous n’avez pas répondu, il n’est peut-être jamais arrivé.
C’est possible. En fait, les maisons d’édition sont très fortes pour transmettre le courrier des fans aux auteurs. Malgré tout, comme j’habite à l’étranger, quelques éditeurs préfèrent me transmettre le courrier par paquet. Ils l’envoient donc par paquet tous les trois ou six mois. Cela peut donc engendrer quelques retards.
Je vous ai envoyé une lettre de fan mais vous ne m’avez jamais répondu. Pourquoi ?
Je reçois un nombre impressionnant de courrier de lecteurs. Parfois jusqu’à 2000 lettres par mois, en provenance du monde entier. Il m’est tout simplement impossible de répondre à tous personnellement. Sinon, je n’aurais plus le loisir d’écrire des livres, étant donné que je m’occupe également de ma famille, de mon élevage de moutons, et que je poursuis mon travail avec certains enfants, entre autres choses. J’espère que grâce à cette foire aux questions et à d’autres moyens similaires, je pourrais satisfaire les attentes de mes fans et continuer à avoir une vie à côté !
Que faut-il faire pour écrire un bon courrier et augmenter mes chances de recevoir une réponse ?
Rappelez-vous les règles de politesse. En particulier, si vous aimez suffisamment un auteur pour lui écrire une lettre, montrez-lui que vous prenez assez de temps pour écrire son nom ou le titre de ses ouvrages correctement. Essayez de ne pas poser des questions dont les réponses sont déjà dans le livre que vous venez de lire ou sur la couverture. Et, plus important, mettez toujours votre adresse sur la lettre, et pas seulement sur l’enveloppe. Plusieurs fois, j’ai tenté de répondre à un fan mais je n’avais pas l’adresse car la lettre et l’enveloppe m’étaient parvenues séparément ou l’enveloppe avait été ôtée par l’éditeur et n’était jamais arrivée.
Je crois qu’il existe des vidéos où l’on vous voit travailler avec les enfants. Où puis-je les consulter ?
Ce sont des vidéos qui m’ont servi dans mon enseignement. C’était de vieilles cassettes à bobines, dont la plupart ont été égarées car je ne les ai pas transférées sur cassette vidéo avant que la technologie change. De plus, comme elles n’étaient là que pour m’aider dans mon travail, je n’ai généralement pas les autorisations nécessaires pour les montrer, donc je ne peux pas les mettre à disposition du public. Et cela vaut peut-être mieux comme cela, parce que ce sont des enregistrements des activités en classe ou des cessions de psychothérapie, et ils sont souvent terriblement ennuyeux ! La vraie vie, celle où l’on ne coupe pas les séquences ennuyeuses, n’est pas toujours palpitante.
J’ai cru comprendre que deux de vos ouvrages ont été adaptés à la télévision.
KEVIN LE RÉVOLTÉ a été adapté à la télévision américaine sous le titre « Trapped in silence » en 1986, avec, dans les rôles principaux, Marsha Mason et Kiefer Sutherland. C’est une adaptation plutôt bonne, si l’on met de côté le fait qu’il y a une différence d’âge de vingt ans entre Marsha Mason dans le film et moi-même lorsque je m’occupais de Kevin. J’aurais également rêvé d’avoir un tel appartement et une voiture aussi grande que la sienne !
L’ENFANT QUI NE PLEURAIT PAS est paru à la télévision américaine sous le titre « Untamed Love » en 1995, avec Cathy Lee Crosby. Malheureusement, c’est une vraie « daube », et moins on en parle mieux je me porte…
Si ce site décolle et que nous devenions bons amis, je vous raconterais un jour la fabuleuse histoire de « Torey à Hollywood ».
Pensez-vous avoir été une bonne mère ?
Je pense que tous les parents font de leur mieux, mais que c’est une tâche difficile. Bien sûr, le fait d’avoir travaillé avec des enfants m’a aidé, mais j’ai fait beaucoup d’erreurs également. Le problème, c’est qu’il y a beaucoup de choses qu’on ne vous dit pas sur le fait d’être parent. Peut-être que l’on a pas pu vous le dire. Il faut s’en rendre compte par soi-même. Mais, comme on ne sait pas comment s’y prendre, on fait beaucoup d’erreurs, et on ne le réalise qu’après les avoir commises. Certaines peuvent être corrigées ou pardonnées. . Pour d’autres, il faut vivre avec. J’espère que j’ai été une bonne mère. En tout cas, j’ai essayé. Mais seule ma fille peut répondre à cette question.
Avez-vous eu des surprises dans votre expérience de mère ?
Oui, beaucoup ! Lorsque je me suis retrouvée maman, je pensais que je me débrouillerai bien étant donné tous mes diplômes de psychologie et pédagogie, ainsi que mon expérience avec les enfants. Je pensais que je serai assez décontractée car j’ai un caractère plutôt posé.
Quelle surprise ! Ce qui m’a le plus étonnée, c’est la différence qui existe entre le fait de travailler avec les enfants des autres, et celui de travailler avec son enfant.. J’étais si impatiente ! Cela me surprenait et me préoccupait aussi. Je pouvais tout tolérer de la part des autres enfants, mais ma pauvre Sheena… La moindre petite bêtise me rendait folle ! Finalement, j’ai compris que c’était un sentiment normal. Nos enfants sont les nôtres. On les a 24h/24, et, si tout va bien, pour toujours. Il nous importe donc de savoir ce qu’ils vont devenir. On pense sans cesse à leur avenir, ainsi qu’à leur présent. On veut qu’ils aient une belle vie et qu’ils soient heureux après notre départ. C’est difficile d’être une mère décontractée avec quelqu’un qui compte tant pour nous !
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans le fait d’être une mère ?
Ma formation et mon expérience avec les enfants m’ont poussée à croire que l’environnement jouait un rôle bien plus important dans l’éducation d’un enfant que ce que je ne crois aujourd’hui. Je pensais qu’en assurant un bon environnement physique et psychologique, je pourrai prédire (ou n’était-ce pas plutôt « contrôler » ?) le genre de personne que Sheena serait. J’ai appris qu’il y avait beaucoup plus de variables qui entraient en jeu, depuis la personnalité jusqu’aux coups du sort, bons ou mauvais.
Cela m’a pris beaucoup de temps pour comprendre que mon boulot n’était pas de faire de Sheena la personne que je voulais qu’elle soit, mais de lui assurer le support et l’aide nécessaire pour lui permettre de devenir la personne qu’elle voulait être. Cela peut paraître évident, mais c’est étonnamment difficile à réaliser et il est également très difficile de savoir si on fait ça bien, sans avoir à attendre que l’avenir nous dévoile nos erreurs.